vendredi 29 juillet 2011

Une loterie, les tirs au but?


Non, la séance de tirs au but n’est pas une loterie. Encore moins une roulette russe. Elle récompense tout simplement les audacieux, ceux qui ont la psyché souveraine.

Souvent, une série de tirs au but clôt les hostilités lointaines, dernier subterfuge d’une partie équivoque où personne n’est capable de se départager, l’égalité parfaite entre deux formations crispées, exténuées, qui s’écharpent depuis 120 minutes d’hystérie.

La séance de penalties couronne l’ascendance psychologique. Ceux qui ont terminé sur des hauts – égalisation tardive, renversement improbable, parfois contre le cours du jeu – grignotent un avantage non négligeable à ceux qui se morfondent d’occasions manquées, de maladresses offensives, les regrets en abondances.

Même si le score est toujours au point mort, un avantage psychologique s’est déjà dessiné pour l’un ou l’autre des partis. Et souvent, il est déjà décisif.

Les Japonaises reviennent de nul part

Evidemment, les exemples ne manquent pas. Les Japonaises sont devenues championnes du monde, hier, en battant une équipe américaine (2-2, 3-1 tab) qui se demandait comme elle en était arrivée là après avoir tant dominé, tant gâché d’occasions franches; tout le contraire des Nipponnes, carrément joviales, potaches, l’exploit d’être revenues au score par deux fois, miraculées, réalistes au point d’avoir inscrit deux buts improbables en 120 minutes de subordination totale.

Au moment d’aborder la séance des tirs au but, l’avantage psychologique était évidemment japonais, la logique a fait le reste: 3 tirs au but sur 4 pour le Japon, un catastrophique 1 sur 4 pour les USA. Le palmarès avait, déjà, choisi son camp, les Américaines déjà confites aux regrets éternels, un palimpseste comme miroir d’un dessein qui attend.

Mais les Américaines comprendront. Elles-mêmes avaient bien fait plier les favorites brésiliennes (2-2, 5-3 tab) dans ce même exercice des tirs au but, après avoir égalisé à la 122e minute. Après avoir galéré pendant 60 minutes à 10 contre 11. Après être revenues de nulle part. 5 sur 5 pour les Américaines à la séance des tirs au but, toutes heureuses de l’avoir atteinte; l’attitude pétocharde pour le Brésil, les regrets pleins la tête avant même le premier tir au but. L’ascendant psychologique avait, encore, choisi son camp.

Le Paraguay profite de la léthargie brésilienne

Hier toujours, chez les hommes cette fois, le Brésil a perdu la bataille mentale avec le Paraguay (0-0, 0-2 tab), après avoir tant dominé une partie confite aux occasions ratées, ou propice aux arrêts d’un Justo Villar en état de grâce. L’état de la pelouse n’a pas aidé, certes, mais les Paraguayens n’ont pas fauté, ni polémiqué sur l’exercice qui était, ma foi, leur objectif avoué.

D’autres exemples affirment la tendance, le mythique Liverpool-Milan (3-3, 3-2 tab) en finale de la Champions League de 2005 le relate, le plus récent Argentine-Uruguay (0-0, 4-5 tab) le confirme: les tirs au but ne sont pas une loterie, encore moins une roulette russe, simplement un moment d’aptitude psychique, un test de sérénité.

Une question de mental, donc

La série de tirs au but récompense les mentalistes purs, ceux qui ont la caboche fière, la posture facile, l’aisance du moment, la gloriole comme récompense. Si le mental suit, la technique suit. Si la confiance règne, le calme concrétise.

Une loterie se perd plus souvent qu’elle ne se gagne. La roulette russe ne punit que les poissards. La séance de tirs au but ne sanctionne que ceux qui s’en plaignent. Qu’on n’entende plus jamais parler de loterie.

Article et commentaires à lire sur cartonrouge.

vendredi 15 juillet 2011

Park et Pak à l’unisson

13/07/2011 - Article paru dans Le Matin




A la sortie des vestiaires, après les matches, les enfants se gaussent parmi, à la recherche de leurs idoles, de ces icônes glamour, les vrais faiseurs de rêves du FC Bâle et de leurs portraits qui tapissent les murs des chambres à coucher. On parle ici de Xherdan Shaqiri, de Granit Xhaka voire d’Alexander Frei. Dans leur ombre pourtant, d’autres joueurs se griment d’une discrétion absolue, presque typique.

Joo Ho Park et Kwang Ryong Pak en sont la quintessence même. Tous deux sont Coréens, le premier est du Sud, le second du Nord; tous deux ont débarqué au FC Bâle cet été, en catimini, pour palier aux départs conjugués de Safari (Anderlecht/Belgique) et d’Almerares (NE Xamax).

Ils cohabitent, bon gré mal gré

Comment cohabitent deux Coréens antinomiques dans un club du calibre bâlois, la porte de la Ligue des champions en guise de bienvenue? Si les deux hommes ne donnent encore aucune interview – ils prennent bien des cours d’anglais – d’autres parlent à leur place, comme pour rassurer et colmater les différences politiques. A Romain Crevoisier, l’entraîneur des gardiens du FC Bâle, de se muer en porte-parole: «Les deux hommes s’entendent très bien entre eux, il n’y a aucun problème à ce niveau-là. Ils se sont bien intégrés, avec leurs valeurs asiatiques, à savoir discipline et travail. Les deux travaillent encore avec des interprètes, ceci rend pourtant leur travail d’intégration encore plus compliqué.» Même son de cloche pour Massimo Colomba, le portier du champion de Suisse: «Ce sont deux supergars! Pour moi, leur intégration est déjà réussie, d’autant plus que sur le terrain, ils assument leurs rôles.»

Joo Ho Park, Sud-Coréen vif, à l’agilité loquace, a accompli une première période séduisante, lundi face au Hertha Berlin (3-0). Kwang Ryong Pak, Nord-Coréen longiligne, attaquant équilibriste de 188 centimètres, a d’abord marqué hier face à West Ham (2-1), avant de provoquer un penalty dans les arrêts de jeu, qui a d’ailleurs donné la victoire et le titre de la Coupe des Horlogers au FC Bâle.

Joo Ho Park et Kwang Ryong Pak, ou deux personnalités, deux pays, deux traditions, mais déjà un titre acquis ensemble, sous les couleurs bâloises.

Joo-Ho Park, un internation sud-coréen


Kwong Ryong Pak, nord-coréen